EDITORIAL par Félicité VINCENT Rédactrice en chef : Gabon – Déguerpissements : chantiers éclair, délogements en série… et toujours la même facture !e Edito 04 juillet 2025

04 juillet 2025 - 15:46 - 887vues
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À propos de Félicité Amaneyâ Râ VINCENT - Rédactrice en chef à RADIOTAMTAM AFRICA , Félicité s'engage à façonner la radio de demain pour une Afrique prospère, inspirante , et prête à illuminer le monde. Restons en contact
Avez-vous remarqué cette nouvelle danse urbaine à Libreville, Port-Gentil et ailleurs ? Une chorégraphie millimétrée où les bulldozers ouvrent le bal, les familles sont invitées (de force) à quitter la scène, et les autorités brandissent le mot magique : modernisation. Sauf qu’ici, ce n’est pas une comédie musicale, c’est la vie réelle. Et les acteurs principaux sont les citoyens, sans répétition préalable, sans plan B.
Ne soyons pas injustes : sur le papier, l’idée est noble. Le gouvernement veut du neuf, du propre, du reluisant – un Gabon version carte postale, où les ministères ne siègent plus dans des immeubles hantés, où les logements sociaux ne fuient pas à la moindre pluie, et où l’on attire les investisseurs comme des papillons attirés par la lumière. Louable, vraiment.
Mais dans la réalité ? On rase plus vite qu’on ne construit. On déloge avant d’avoir relogé. On promet sans planifier. Le rythme est effréné, comme si on voulait battre un record mondial de « chantiers commencés-sans-finition ». C’est bien simple : au Gabon, on détruit avec enthousiasme et on rebâtit… avec amnésie.
Ce qui devait être un élan de développement devient un cycle infernal de déguerpissements chroniques. À peine relogé, on apprend que son nouveau quartier est déjà sur la liste des zones à « requalifier ». C’est le grand loto de l’urbanisme : tu gagnes un toit… pour quelques semaines. Et si tu protestes ? Tu n’as rien compris à la vision du progrès. Parce qu’ici, « développement » rime avec imprévisibilité.
Alors posons la vraie question : qui paie la note ?
Certainement pas les décideurs. Ce sont les familles expulsées, les petits commerçants ruinés, les enfants déscolarisés pour cause de bulldozer trop matinal. Ce sont les citoyens qui subissent l’urbanisme en mode roulette russe, sans concertation, sans anticipation, sans justice.
On veut croire que le nouveau gouvernement a un plan. Une vision. Une boussole. Mais en attendant, les Gabonais apprennent à déménager en urgence, à reconstruire leur vie sur des ruines, et surtout à garder le sourire. Parce qu’au Gabon, on ne manque pas d’endurance… on manque juste de cohérence.
Alors, pour ne pas sombrer, il ne reste qu’une arme : l’humour et l’espoir. L’humour face à cette frénésie de béton mal maîtrisée, et l’espoir qu’un jour, on construira pour durer, pas juste pour montrer.
Gardez vos valises prêtes, vos papiers en main, et votre sens de l’ironie bien affûté : vous pourriez être les prochains figurants de ce grand opéra national qu’on appelle réaménagement du territoire.
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