Gabon : Pourquoi l’État a repris le contrôle de la Société Nationale des Bois ? Actualité Afrique 2050 06 février 2025

06 février 2025 - 11:43 - 866vues
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À propos de Félicité Amaneyâ Râ VINCENT
Rédactrice en chef à RADIOTAMTAM AFRICA , Félicité s'engage à façonner la radio de demain pour une Afrique prospère, inspirante , et prête à illuminer le monde.
Après avoir renforcé sa présence dans le secteur pétrolier avec le rachat d’Assala Energy et le lancement de Fly Gabon dans l’aviation, l’État gabonais poursuit sa stratégie de souveraineté économique en reprenant le contrôle du secteur forestier. Dernière action en date : le rachat de la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG), une entreprise stratégique cédée au franc symbolique sous le régime d’Ali Bongo à GSEZ, filiale du groupe singapourien Olam.
Une vente controversée sous l’ancien régime
Cette décision fait suite aux conclusions d’une enquête parlementaire accablante, révélant que la SNBG, jadis fleuron de l’économie forestière gabonaise, avait été cédée pour seulement 1 million de FCFA, sans que les droits des employés ne soient pleinement respectés.
« La commission d’enquête parlementaire a conclu que la privatisation n’a pas respecté le cadre légal et réglementaire », explique le député Ali Eyeghe, à la tête de l’enquête.
Les parlementaires ont alors recommandé à l’État de dénoncer l’accord de cession et de reprendre activement le contrôle de la filière bois, essentielle pour l’économie nationale. Le secteur forestier est en effet le deuxième employeur du pays, juste après la fonction publique.
Un rachat justifié, mais une entreprise redressée
De son côté, GSEZ défend son bilan en expliquant que le rachat de la SNBG a permis d’éviter la faillite de l’entreprise.
« Quand GSEZ a racheté la SNBG, l’entreprise était en déficit, avec une dette de plus de 30 milliards de FCFA et des capitaux propres négatifs. Nous avons restructuré la société et apuré plus de 25 milliards de FCFA de dettes. En 2024, après 16 ans de pertes, la SNBG a enfin retrouvé l’équilibre », assure Igor Simard, administrateur délégué de GSEZ.
Une souveraineté retrouvée pour une exploitation durable
Pour le gouvernement de transition, ce rachat ne vise pas une exploitation forestière accrue, mais une meilleure gestion des ressources naturelles et un renforcement des politiques publiques en faveur du développement durable.
« L’objectif est de restaurer la souveraineté économique tout en conciliant préservation de nos ressources et retombées économiques », explique le général Maurice Ntossui, ministre des Eaux et Forêts.
Avec un taux de déforestation de 0,5 % par an et une contribution de 4 % au PIB, le secteur forestier gabonais est un pilier économique stratégique. Si l’Asie reste le principal marché d’exportation, l’Europe, de plus en plus exigeante en matière de traçabilité et de certification, impose des standards qui poussent le pays à mieux structurer son industrie du bois.
Une nouvelle ère pour le bois gabonais ?
Cette reprise de contrôle marque une étape clé pour la souveraineté économique du Gabon. L’État devra désormais veiller à trouver l’équilibre entre valorisation économique, préservation environnementale et justice sociale dans la gestion de cette ressource stratégique.
Le défi est de taille : le Gabon peut-il transformer cette initiative en un modèle de gestion durable et profitable pour toute la population ?
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