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GABON : MOUNANA, AREVA TUE, EXTERMINE Défense 06 novembre 2019

06 novembre 2019 à 18h46 - 7045 vues

Par Jophiel Mbeng

Petite ville prospère pendant plusieurs années, Mounana est actuellement une ville qui peine à vivre et demeure fortement irradiée.

 Petite commune d’un peu plus de 11.000 habitants et située dans le sud-est du Gabon (département de la Lébombi Léyou, Province du Haut-Ogouée), Mounana est la fille de l’atome. Alors que dans la seconde moitié des années 50 les prospections du Commissariat à l’Energie Atomique révèlent d’importantes réserves d’uranium dans le bassin dit « francevilien » (découverte du premier grand gisement en 1956) ce qui deviendra Mounana n’est qu’un petit village comme tant d’autres dans ce qui est aujourd’hui la province gabonaise du Haut-Ogooué. Jugé « très rentable » et « exceptionnel », le gisement de Mounana commence à etre exploité en 1958 par la Compagnie des Mines d’Uranium de Franceville (COMUF) une filiale de la COGEMA bras industriel du CEA.

Les années fastes

L’exploitation du gisement d’uranium de Mounana, va donner naissance à une petite ville. La construction de Mounana est un véritable défi logistique dans une région qui ne dispose ni de routes, ni d’aéroports susceptibles de favoriser l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction. La COMUF entreprend une œuvre titanesque et les résultats sont impressionnants. Mounana est dès le début des années 60, une ville moderne qui dispose de tous les équipements d’une cité qui se veut agréable et fonctionnelle. Un pont aérien continu assure son abondant approvisionnement en toutes denrées importées principalement de France. Son Hôpital est ultra moderne, son école et son collège n’ont rien à envier à ceux des pays les plus avancés, la ville dispose d’une grande piscine, d’une salle des fêtes, d’un cinéma et même d’un bowling ! 

A Mounana, le chômage n’existe pas et on vient de tout le Gabon pour y travailler notamment à la mine qui a sans cesse besoin de main d’œuvre.

Le risque sanitaire ignoré

Ce besoin continu de main d’œuvre, peut s’expliquer par l’importance des ressources dans les 20 premières années de l’exploitation du gisement d’uranium, mais aussi par l’affaiblissement de la main d’œuvre souvent rongée par diverses pathologies dont on se borne à ne pas expliquer l’origine. 

Si les risques encourus par les mineurs sont connus on ne peut affirmer qu’ils sont pris en  compte.

En effet, pour mesurer leur exposition aux radiations, les mineurs portent bien un appareil qui mesure leur niveau d’exposition mais aucune étude n’a été menée sur cet impact à long terme.

Par ailleurs, comme beaucoup d’entreprises dans le monde à cette époque, La COMUF n’a toujours pas disposé de ses déchets de façon respectueuse de l’environnement et rejette dans la nature directement des exhaures radioactives, acides, corrosives et polluées par des métaux lourds et du radon.   De 1961 à 1975 par exemple, la COMUF déverse ses déchets industriels directement dans la nature. C’est ainsi que selon l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (Rapport n° 278 (1995-1996) de M. Claude Birreaux, député) : « les résidus de traitement étaient déversés directement dans le lit de la rivière Ngamaboungou. Cette pratique a dû progressivement être jugée peu acceptable par COMUF, filiale gabonaise de COGEMA. En effet la Ngamaboungou se jette dans la Mitembe, affluent du Lekedi, qui lui-même se déverse dans l'Ogooué, fleuve dont la puissance symbolique est forte au Gabon. Des études de réhabilitation ont été engagées en 1984 et les premiers travaux ont débuté en 1985. Le lit de la rivière a été aménagé et enroché sur environ 2 500 m et les "sables stériles" épandus dans le lit de la rivière ont été recouverts par 30 à 50 cm de latérite compactée. Les travaux ont été interrompus provisoirement en juillet 1990, date à laquelle a été construite une digue barrant le lit de la rivière. Près de 500 000 m2 au total ont été recouverts avec 200 000 m3 de matériaux. Les résidus de l'usine de traitement sont aujourd'hui stockés en amont de la digue, à l'abri de laquelle ils peuvent décanter, Seules les eaux de décantation s'échappent de la retenue pour rejoindre le cours normal de la rivière. 1,6 M tonnes de sables au total auraient été stockés dans la Ngamaboungou ».  

Le naufrage économique et environnemental

Après 36 années d’exploitation et après avoir fourni plus de 26 000 de tonnes d’uranium, La COMUF cesse ses activités à Mounana jugées peu rentables. Cette fermeture plonge la ville de Mounana dans un marasme économique tel que de 1993 à l’an 2000 la population de la ville passe de 6500 à 4000 habitants soit une perte de 38%.

Sur le plan sanitaire on constate de nombreuses pathologies.  Notamment un nombre anormal de pathologie pulmonaires chez les anciens employés de la COMUF ainsi que de maladies dermatologiques, ophtalmologiques ou cardiovasculaires. On observe également, un nombre anormal de malformations congénitales chez les nourrissons et les jeunes tels que la macrocéphalie, des naissances d’enfants avec des crânes « transparents » ou avec une absence de membres.

Sur le plan environnemental, un rapport de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) datant de 2009 résume bien la catastrophe écologique et humanitaire qu’est devenue Mounana : « certaines valeurs au contact du sol 2 à 50 fois supérieures à la normale » avant d’ajouter : « COMUF a produit 7,5 millions de tonnes de boues radioactives, dont 2 millions de tonnes ont été déversées dans une rivière. Une partie de ces déchets radioactifs est à l'air libre dans la forêt voisine ».

Depuis, rien n’a vraiment changé dans ce qu’on peut qualifier de petite Tchernobyl africaine.

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